Je n’aperçus pas tout de suite le garçon qui se présenta par l’entrée principale, ce fut le clapotis de son pas de course sur le sol détrempé qui attira mon attention. Il précédait une petite dame, toute ronde, la tête coiffée d’un foulard terne noué sous le menton, le pas court et nerveux.
Il stoppa net une fois sous le porche, déplia le haut de son corps qu’il tenait voûté pour se faire plus petit sous l’averse. Il attendit que la femme le rejoigne, se cala derrière elle, calme et docile, sans dire un mot, une main enfouie dans la poche de son pantalon de toile.
Il la surplombait tel un géant, les épaules larges, le front vaillant qu’une chevelure blonde aux mèches humides recouvrait en partie. Elle se dirigea vers le maître, qui, d’un geste nonchalant accompagné d’un sourire poli, lui indiqua le bureau du directeur.
Quand le directeur entra dans la classe sans frapper, comme à chaque fois, la classe se leva tel un seul homme : pantins que des fils invisibles tiraient vers le haut et balançaient dans un bruit de chaises malmenées.
-Monsieur Leblanc, s’adressant au maître, je vous présente Radek… Radek Lewandowski.
Années 30, dans les corons du Nord, une bande de gamins :
Radek Lewandowski, le Polak.
Gondran, surnommé Bouboule.
Pierre, petit Pierre.
Auguste.
Eugénie, la sœur d’Auguste, une jeune fille à la chevelure d’un noir intense, presque de jais.
Martin.
Roman, le jeune frère de Radek.
Quand nos différences s’unissent, elles peuvent créer un monde meilleur, avait lancé monsieur Leblanc dans un monologue passionné et passionnant.
Le temps ne comptait plus vraiment, ils vivaient des jours paisibles et les remous de l’extérieur leur importaient peu. Chacun vaquait à présent à ses occupations, se laissant bercer par les rencontres qui pimentaient leurs vies. Des rires, des confidences, le partage de leurs petites préoccupations, et puis cette complicité qui d’année en année, les rapprochait toujours de plus en plus.
En août 1939, l’Allemagne nazie signait un pacte de non-agression avec l’Union soviétique. Début septembre, Le Royaume-Uni et la France déclaraient la guerre au IIIe Reich après que l’Allemagne ait envahi la Pologne, pays allié. Fin novembre 1939, l’Union soviétique attaqua la Finlande. L’Europe s’embrasait. La bande d’amis prend la route de l’exode.
Une plongée dans la clandestinité, dans la résistance. L’espoir d’une vie meilleure et la foi dans la victoire des alliés contre le petit moustachu.
Une passionnante histoire, avec le Vercors et Grenoble en toile de fond, dans laquelle les héros vont croiser la grande faucheuse, les amours et la haine de l’ennemi et des traîtres.
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté
(Paul Eluard)
Les plaisirs de Marc Page par Willy Lefèvre 