Erwin legio patria nostra – Martine Trouillet – Editions ML Production – 2024 – ISBN 9782494122161 – Le mot de Philippe Smans

Synopsis :

Erwin a dix-sept ans quand il fugue et part de Saint-Gall en Suisse. Il quitte sa famille pour l’Autriche et le camp de recrutement de la Légion étrangère. Après les campagnes d’Indochine et d’Algérie, il s’installe en France. Bien des années plus tard, lorsque sa vie s’achève, il va faire de Clémence son héritière. Clémence n’a jamais été proche de cet homme, qui a partagé la vie de sa mère quelques années. Mais, en visitant son appartement, elle va tomber sur une boîte en fer dans laquelle Erwin avait regroupé tous ses papiers militaires et quelques photos. Parmi elles, un cliché sur lequel le légionnaire enlace une femme qui tient un bébé dans ses bras. Clémence se souvient très bien de cette photo et de son histoire. Elle va partir à la recherche de cet enfant qu’Erwin pensait mort.

Mon avis :

C’est dans une histoire terriblement prenante que nous emmène Martine Trouillet. A tel point qu’on pourrait caractériser ce beau roman de « thriller sentimental », tant les rebondissements successifs et la montée en puissance de l’intrigue nous poussent à tourner les pages, sans que n’apparaisse à aucun moment le moindre désir de s’arrêter.

Cette intrigue fait appel à une sorte d’inconscient collectif enfoui au fond de chacun d’entre nous : la recherche d’un passé qui nous est inconnu. L’histoire est menée tambour battant, et aborde également un sujet douloureux : le destin des enfants nés d’amours entre occupants et occupés, ici en l’occurrence au Vietnam occupé par les forces françaises, et en particulier la légion étrangère.

Martine Trouillet arrive à merveille à nous faire ressentir les sentiments des protagonistes. C’est sans aucun doute cet aspect du roman qu’a dû apprécier Amélie Nothomb, dans un charmant message adressé à l’auteure, et dans lequel on peut lire : « Quelle histoire ! Et comme vous la racontez bien ! Vous avez un grand talent. »

Je ne peux qu’abonder dans ce sens. Le style est varié, et parfois surprenant, donnant à certains moments l’impression de lire une pièce de théâtre plutôt qu’un roman. A d’autres moments, un personnage prend la parole au sein de ce qu’on pensait être une description. Tout cela donne beaucoup de relief à la lecture.

Une phrase du roman illustre à merveille un des aspects de l’intrigue : « Quelques fois, en cherchant quelqu’un, on se trouve soi-même ».

Et une autre belle phrase de ce livre illustre un autre aspect abordé dans le roman : « Il est plus facile de juger ses actes quelques années après, lorsque le temps a produit le résultat de nos décisions ».

De belles phrases en belles phrases, on est vraiment emporté dans un tourbillon de sentiments et un crescendo de rebondissements : une très belle découverte, que je recommande vivement.

Philippe Smans, chroniqueur

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