J’avais honte. Pour notre première nuit d’amour à Paris, Vasilissa et moi nous faisions face dans un panier à salade au milieu d’une dizaine de personnes plus ou moins amochées… J’aurais tant aimé lui proposer le spectacle d’un Rodrigue triomphant, terrassant les Maures pour l’amour de Chimène. Je lui avais offert celui d’un homme vaincu au premier coup de poing.
Vasilissa, n’avait pas connu son père et n’avait ni frère, ni sœur. Elle avait été élevée par ses grands-parents, à Tver, dans la banlieue de Moscou, loin de sa mère. Elle avait quitté la Russie, laissé mère et amis à Moscou pour l’amour d’un Breton pas très doué, pour prendre un travail moins bien payé comme directrice financière d’une usine de raffinage dans le nord de Paris.
Vasilissa aime la finance. La solidité des chiffres avait compensé la volatilité d’une famille quasi disparue.
« J’apporte du rationnel dans un monde qui ne l’est pas ! »
Marc, le breton romantique, a un père qui avait le vin « matheux ». Quand il était euphorique, en général au bout de la deuxième bouteille, il aimait partager avec ses convives son amour pour cette obscure discipline et répondre aux questions que tous se posaient sur le sujet. Pour Marc, que de soirées passes à écouter des explications sur l’univers et à ne rien comprendre…
Vasalissa, écoutait, dubitative, le beau-père la perdre en conjectures… Trop occupé à disserter sur les travaux de ce mathématicien russe…
– … C’est en cherchant à comprendre comment Jésus marchait sur l’eau que la solution lui est apparue…
Mais la vieille chaumière bretonne qui les accueille pour le week-end s’avère pleine de surprises et de … rats. Un vrai chef-d’œuvre en péril…
Quand vers 6 heures du matin, un cri de douleur déchira la nuit.
Entourés d’amis dérangés et face aux histoires de famille le couple s’observe.
Deux enfants et un chien rejoignent le foyer mais, au bout de dix ans, la passion s’émousse. Afin de raviver la flamme et de lui déclarer son amour, Marc écrit un livre sur son épouse et cherche à le faire publier, quitte à oublier l’essentiel.
Pétillant d’humour le récit d’Hervé Pouzoullic entretien le rythme d’une agréable lecture estivale.
Hervé Pouzoullic est un Breton un peu trop romantique, malhabile, mais plein de bonne volonté, marié à une héroïne russe. Il a déjà publié Le bigorneau fait la roue (Anne Carrière, 2016).
Les plaisirs de Marc Page par Willy Lefèvre 