Étrangler l’anguille – Olivier Hervy (couverture Jack Keguenne) – éditions Cactus inébranlable – 2021 – ISBN 9782390490463

Ici, il n’y a pas d’anguille sous roche. Toutes les petites pierres parsemées tout au long du recueil s’ornent de surprenants italiques… Bribes, Souvenir…J’ai un faible pour, non pas pour le soutien, mais pour le rouge-gorge !

Tout dans l’ouvrage déménage.

Tout est manipulé avec les mots du poète.

Subtilité concise évidemment.

L‘auteur libère sa pensée comme un maniaque plie ses chaussettes.

Il dézingue l’imaginaire, se permet les pirouettes, arrose ses pages de savants préceptes.

Tantôt ondulant, tantôt transperçant, son style chatouillant nous amènera à crapahuter sur les galets roulants des berges glissantes de nos pensées les plus sérieuses.

À vos pantoufles, à vos babouches… à vos cuissardes. Il y en aura pour tout le monde !

À l’automne, il déplace des arbustes, crée de nouveaux massifs, coupe des arbres… Comme s’il changeait les meubles de place dans son salon.

Ici point de couleuvre à avaler. Car, s’il est vrai que la tortue avale un sac en plastique en le prenant pour une méduse, l’inverse est juste aussi, quoique plus rare. En page 18, la suite à découvrir n’est, elle, pas piquée des vers… Mordante même.

Bref, les scraboutchas appliqués de la couverture signés Jack Keguenne « Itten, 5 » sont autant de mailles pour capturer le verbe qui vole haut.  Retenir l’écume de cette pensée aérienne d’Olivier Hervy se fera avec doigté car l’oiseau est subtil. Il faut obligatoirement des étourneaux pour qu’un arbre soit bruyant.

Rêveur, le lecteur contemplatif sera vite remis de ses échappées célestes… Non pas par le grondement d’une charge de bisons, mais là… ce lièvre qui s’enfuit est si gros que je l’ai pris un instant pour un chevreuil. Mais en tout petit.         

En rat de bibliothèque prudent, j’ai l’œil aux aguets…

Une porte que l’on entrebâille est grande pour le chat.  

*

Ah, cette tante à héritage…

Elle aurait soufflé ses cent bougies d’un coup, juste pour les réutiliser l’an prochain.

C’est pendant la quête que je retrouve vraiment cette vieille tante pingre que j’enterre aujourd’hui.

Alors avant de la descendre dans le trou… Bigre, cela me donne le tournis.

De là-haut, de mon sixième étage, j’écris cette chronique. Et je me souviens de toi J…

« Ici ce n’est pas un salon de thé ! », s’énerve l’infirmière dans la chambre d’hôpital où nous reçoit un ami qui vient d’être opéré. On s’en doutait.

Et je jette un coup d’œil sur cette place Fernand Cocq, face à la maison de la Malibran, où quelques jets aux gouttes cristallines jouent à l’arc-en-ciel. La cascade est une rivière verticale.

De là-haut, j’ai le vertige !

Il n’y a qu’un chat pour somnoler sur un rebord de fenêtre au bord du vide. Pour prendre des risques, assoupi.

*

En bas, sur un banc, il est là. Je descends pour lui faire un brin de causette.

Le vieil homme me remercie d’avoir parlé longtemps avec lui. Comme si mon temps était plus compté que le sien.

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