Ma très, très chère Laurette, J’espère que ma lettre va te trouver ben, épi en santé. Un billet de Daniel Beaulieu

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Ma très, très chère Laurette,

J’espère que ma lettre va te trouver ben, épi en santé. Ma t’dire un affaire, une secousse j’pensais ben, comme j’ai déjà dit, que l’hiver était pour passer l’été icitte. Mé là, on voué des signes de printemps… les oies blanches sont icitte par milliers; l’autre apra-midi, j’ai reposé ma cabane à hirondelle épi cré-moé, dix minutes apra, mes hirondelles éta r’venues. Çafaque chu ben content.
L’grand Jean-Maurice éta assez tanné d’la mauvaise météo qu’y a décidé c’t’année de partir plus d’bonne heure; au lieu de s’en aller dans l’ouest tu suite épi de travailler din cultures, y vient d’partir pour les Méritimes… y s’en va donner un coup d’main à pêche aux homards. Maudit chanceux… apra ça y va travarser dans l’ouest épi toute l’été y va s’en r’venir en travaillant din cultures épi din récoltes… Cé ben mon idée qu’on va le r’voir jusse pour la récolte des cétrouilles au mois d’octobre.
Çafaque d’apra moé, cé moé qui va être oubligé d’aller donner des p’tits coups, à bonn’femme Taillefère… … … j’veux dire des p’tits coups d’main de temps en temps. À là toujours des travaux à faire faire… si cé pas trop dur, parce que j’vieillis moé tout.
J’ai ben plus hâte de te voir Ma Laurette; aussitôt qui va faire assez chaud, épi que les nénuphars vont être sortis, m’a atteler, épi m’a aller te charcher, épi m’a t’amener faire un beau tour dans l’crique à Turpin avec la chaloupe Verchère du grand Jean-Maurice. Cé ben sûr qu’y en aura pas d’besoin c’t’été. J’pense ben que chu encore capabe de donner une couple de coups d’rame…
Tu pourras mettre ta belle tite robe à pois jaune, ton chapeau d’paille, j’apporterà des bonnes sandwichs au béloné avec des chips épi peut-être un peu d’ail des bois, épi une couple de tartines de confiture aux fraises des champs.
J’apporterai aussi d’la région sauvage, pour pas qu’on s’fasse manger l’cul par les maringouins. Mé d’habitude y’en a pas au soleil. Maudit qu’on va être ben Ma Laurette. J’ai hâte. D’icitte à c’temps-là, prends ben soin d’toé…

 

L’Outaouais Daniel Beaulieu

Saint-André-d’Argenteuil

La chronique de Guillaume Sautet – Les blessures du silence – Albin Michel – Une interview de Natacha Calestrémé

 

lecture - Copie.jpgAmandine Moulin, mère de trois petites filles, a disparu et les témoignages sont contradictoires. Alors que son mari évoque un possible suicide, ses parents affirment qu’elle a été tuée, tandis que ses collègues la croient partie avec un amant. En laissant parler la voix d’Amandine, le récit laisse paraître la réalité d’un couple rongé par l’emprise, la manipulation et la perversion.

Une femme a disparu. Son mari évoque un possible suicide, ses parents affirment qu’elle a été tuée, ses collègues pensent qu’elle s’est enfuie avec un amant, et autant de témoignages contradictoires qui ne correspondent pas avec la description qui est faite de cette mère de trois petites filles.

Qui croire ?

Qui manipule qui ?

Connaît-on vraiment la personne qui vit à nos côtés ?

Au fil d’une intrigue aussi poignante que déroutante, Natacha Calestrémé dépeint les effets de l’emprise et de la perversion, les silences qui accompagnent cette violence invisible, les pièges dans lesquels tombe l’entourage… et donne peut-être les clefs pour s’en libérer.

 

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