Julio, son amant, l’avait quittée alors qu’elle était enceinte. Pour oublier ce compagnon fantôme, Betty, trente-six ans, décide de quitter le Pérou avec sa petite fille, abandonnant oncles, tantes, cousins, son unique famille ainsi que son poste dans un laboratoire pharmaceutique à Lima.
Malgré leur séparation, Julio, un brillant intellectuel au verbe remarquable, restait le père de la fillette. Le désir d’émancipation de la mère de son enfant piqua-t-il son orgueil d’homme socialement omnipotent ? Le Pérou, comme toute l’Amérique latine, restait une terre marquée au fer par le machisme. Alors qu’ils étaient séparés, Julio savait que Betty n’avait pour ainsi dire aucune possibilité de se construire une nouvelle vie sans son consentement. Malgré son absence physique, la jeune femme restait sous son emprise et dépendait de son autorité paternelle pour ce qui concerne leur enfant. Elle avait voulu le mettre au pied du mur ; la réaction de l’homme fut à la hauteur du coup porté.
Quitter le Pérou ne sera pas une sinécure.
Pour la gamine, le trajet en avion ne fut pas à la hauteur de ses espérances. Le grand oiseau de fer ne vola pas comme un condor, avec dignité et superbe, dans le silence majestueux des Andes. Il transportait des personnes ordinaires, grossières et bruyantes, indifférentes à l’océan de nuages et au spectacle fabuleux du soleil dansant sur une piste chamarrée. Elles arrivent à Charleroi, une nuit d’avril en 1986, avec deux valises et tous leurs espoirs.
Mais le rêve virera au cauchemar, lors d’une rencontre glaçante dont va dépendre leur destin.
Ensemble, Betty et sa fille éprouveront la solidarité, la douleur et l’angoisse qui jalonnent le chemin de tous les exilés. Ensemble, elles traverseront un océan de terreur pour atteindre le rivage d’un rêve fou, avec la poésie, la littérature et l’amour comme seules bouées.
Qu’est-ce qui pousse à choisir l’exil ? Quel est le prix de ce déracinement ? Que troquent les millions d’immigrés contre une vie meilleure ? Peut-être, au bout de la nuit, un exil intérieur, sans retour possible…
Sofía Injoque Palla est née à Lima (Pérou) en 1979. Passionnée de littérature, elle est professeure de français et d’espagnol. L’écriture, l’art et la créativité sont ses moteurs de vie. Ses articles en lien avec l’Amérique latine et l’enseignement sont régulièrement publiés dans la presse francophone. L’exil a le parfum du lys est son premier roman.
Les plaisirs de Marc Page par Willy Lefèvre 