Le bomian – Page Comann – M+ éditions – 2024 – ISBN 9782382112564

Tout commence le 14 juillet 1939.

Ici, au Mazet-sur-Rourle, on se fiche bien des discours de Daladier, du président Lebrun ou encore de Desgranges. Ce ne sont pas les musiques du 8e Zouave ou le passage d’une escadrille d’avions qui vont bousculer notre beau ciel bleu. Si la capitale est en goguette, tant mieux pour les pointus. S’ils célèbrent les cent cinquante ans de la Révolution, nous, cette année-là, on a d’autres chats à fouetter.

C’est ce que se dit César Magnan en rebraguettant son pantalon de chasse. Dans la chambre de Mathilde Donnadieu, le soleil cogne aux persiennes. Dehors, ça sent la caillasse chaude, l’air brûlant dans les oliviers. Dedans, l’encaustique et la lavande. Sur la table de nuit, un missel et une bougie éteinte. Peu lui importe de savoir si la Mathilde a eu son plaisir; il n’en doute pas. Il est César Magnan. Comme elle est déjà à sa toilette, il glisse un billet entre les psaumes. Pour le petiot, comme il dit. Sur la chaise, devant la coiffeuse, il récupère sa veste et son chapeau. Son fusil est sur le buffet de la cuisine, cassé en deux, chargé de chevrotines. Un beau superposé hérité de son père.

Maintenant, il faut s’y mettre. Les autres l’attendent.

Le drame se noue trois jours plus tôt, quand Gaspard Doumé pousse d’un coup de botte la porte du bistrot du Magnan.

*

Depuis trois jours donc…

Mais laissons là le mystère car seize ans plus tard…

Ce qu’annonce l’éditieur…

Été 1955, Alpes-De-Haute-Provence.

Le village du Mazet-sur-Rourle se prépare à fêter le 14 juillet.

Un feu d’artifice sera tiré en apothéose au-dessus de la garrigue. Au cœur de cet été de canicule, l’arrivée d’un étranger, d’un bomian comme on dit au pays, fera exploser bien autre chose que des fusées. Les secrets, les non-dits, les mensonges. Tout ce que les habitants cachent depuis trop longtemps derrière leurs jalousies. Pour beaucoup, c’est l’heure des comptes.

Dans le théâtre d’une nature sublime et éternelle, indifférente aux malheurs mesquins des hommes et des femmes, un drame provençal où personne ne s’attend à la violence du bouquet final.

Page COMANN est le pseudo collectif de deux auteurs, déjà réunis sous les titres Souviens-toi de Sarah et Outaouais, qui défendent l’écriture sous toutes ses formes.

Celle de Ian MANOOK, pétillante et vive, courant du noir le plus cruel à l’humour ciselé de ses dialogues.

Celle de Gérard COQUET, précise et figurative, où chaque sentiment est une corde accrochée à l’arc de ses mots.

En réalité…

Comme signe Franck Bouysse en bas de la première de couverture, l’ouvrage fleure bon « La tendresse de Pagnol, la force de Giono. »

Toute l’ambiance et l’atmosphère aussi du « Soleil des Scorta » de Laurent Gaudé, Actes Sud, ou de « L’homme semence » de Violette Ailhaud aux éditions Parole.

ALAIN CADEO ITINÉRAIRE D’UNE VIE PLEINE DE VIES ET D’ÉCRITURE… 

Un bel homme fin, de grande taille, cheveux blancs, à l’allure sportive et dynamique.  Des yeux d’un bleu clair, trés expressifs qui vous inspirent tout de suite confiance.

Avec un charisme non dissimulé dès qu’il commence à parler de ses passions, ce grand écrivain nous transporte.

Alain Cadéo nous a donné envie de vous raconter son parcours et qu’il nous parle d’un peu plus près de ses écrits.

25 livres à son actif, des pièces de théâtre, des textes quotidiens dont certains fleurissent sur les sites et plus de 10 000 pages entassées dans 3 coffres de santal…

TOUT COMMENCE …

Alain Cadéo a 70 ans mais depuis qu’il est en âge de mesurer le Temps il aime à dire en souriant qu’il a en réalité l’impression d’avoir 3 siècles d’histoire et d’aventures. Il nait à Marmande dans le Lot et Garonne à quelques encablures du méridien de Greenwich et près du quarante-cinquième parallèle Nord.

Il grandit avec son frère cadet Michel (devenu peintre) dans la ville de Bordeaux.

Alain ne se sent bien que dans la douce campagne vallonnée, entre Libourne et Langoiran, de ce beau Sud-Ouest où naquit et vécut un certain Michel Eyquem dit « Montaigne » pour qui  le doute intellectuel est un devoir.

Son père, de nationalité italienne, est disquaire, musicologue et fait des enregistrements pour la Deutsche Grammophon.

Toute son enfance sera bercée ainsi musicalement accompagnée par les plus grands virtuoses.

Sa mère, fille d’instituteur, dont la première fonction fut greffière au tribunal d’Agen, avait en réalité un vrai tempérament d’artiste.

Elle peignait, écrivait et fut sans doute celle qui encouragea ses fils à cultiver leur imaginaire.

C’est donc elle qui fut la première lectrice de petits textes de son fils écrits rien que pour elle dès l’âge de douze ans.

La mère de Goethe ne disait-elle pas elle-même que « la gloire des fils est l’ambition des mères ».

ENTRE TEMPS…

 L’enfance et l’adolescence d’Alain seront partagées entre 11 années d’études chez les jésuites au collège de Tivoli.  Des vacances à la campagne, quelques séjours au bord de l’océan.  De longs étés au sein de la propriété familiale dans la province de Brescia, à quelques pas du lac d’Iseo. C’est ainsi qu’il eut par son père droit et accès à la double nationalité, Franco italienne.

Il obtiendra après son bac une maîtrise de Lettres Modernes et un diplôme d’études cinématographiques à l’université d’Aix-en-Provence.

« Un destin ne s’écrit qu’à la croisée de multiples et mystérieux chemins… » dira souvent l’auteur durant cette interview.

Il dit aussi « Que puis-je vous raconter d’autre, si ce n’est que mon parcours de vie  fut un rêve et qu’il dut se heurter en permanence à ce que la plupart nomment Réalité…

Tout ce qui m’attirait semblait porter le sigle infâmant et dédaigneux de l’inutile…

Béni des dieux, tout ce que je reçus dans mon enfance touchait au monde de l’esprit et mon entrée dans la matière fut aussi rude qu’un choc de météorite… »

ON POURSUIT …

C’est ainsi qu’au sortir d’études de lettres ne pouvant conduire à rien de particulier, si ce n’est l’enseignement, il opta pour une vie un peu vagabonde et eut 18 métiers. Mais lors de ce long périple tel un Ulysse Alain eut toujours « l’écriture en bandoulière ».

Toutefois son goût pour l’art le conduisit à collecter des objets sortant de l’ordinaire et il en fit son métier. Marchand de curiosités, et passeur de rêves.  Alain trouva alors une voie entre collectionneurs originaux et objets étranges, qui ne pouvait qu’enrichir son expérience et par là-même sa propre écriture.

ON CONTINUE…

Alain nous raconte comment il a rencontré Martine en 1985 qui deviendra son épouse. Elle était maire adjoint à la mairie du neuvième arrondissement de Marseille ».

Alain et son frère Michel étaient alors créateurs d’événements tels que la fête des vins de Bandol. Des expositions autour d’objets rares sur le thème : « Tour du Monde en 80 masques », bijoux, statuaire, peinture etc…

Ils organisèrent avec le grand collectionneur Jean-Yves Roux, leur ami, un immense spectacle sur le circuit Paul Ricard intitulé « fête de l’espace » autour d’objets en relation avec tout l’univers.

Ils obtiendront la collaboration de La Chrysalide, l’association humanitaire d’entraide sociale pour les handicapés mentaux et leurs familles.

Soutenus par France Inter, Jean-Yves Casgha rédacteur de temps X des regrettés frères Bogdanov et quelques scientifiques de renom.

Il leur fallut obtenir un certain nombre de structures, la scène faisant plus de 5 hectares et devant accueillir les Urban sax, le groupe Magma, le tout arrosé par un puissant feu d’artifices concocté par Pierre Alain Hubert.  C’est dans ce contexte un peu fou qu’ils sollicitèrent un certain nombre de sponsors et de mairies et c’est là qu’Alain prit rendez-vous avec Martine qui était alors aux affaires sociales.

DÉBUT DE L’HISTOIRE

Après une brève entrevue où chacun jaugea l’autre, comme 2 mondes impossibles, l’un politique, l’autre poétique, les univers se rapprochèrent par le cœur.  Un mois après ils se rencontrèrent à nouveau et le miracle des destins recroisés, fit qu’ils se virent enfin, comme s’étant toujours connus, pour ne plus se quitter. Martine dira de leur seconde rencontre : « Ce fut comme un platane dans un éclair bleuté… »

OUVRONS UN PEU LA PORTE SUR LA CARRIÈRE D’ALAIN CADEO.

Lorsqu’on demande à Alain Cadéo quel métier vouliez-vous exercer jeune, il répondra :

« Entre 7 et 8 ans, je voulais être trappeur et mon héros était Davy Crockett ». Mais il lui fallut très vite comprendre qu’il n’était ni vraiment bricoleur ni capable de vider les entrailles du moindre lièvre et encore moins d’ôter la vie de quoi que ce soit de vivant. Ses seuls trophées de chasse devinrent très vite les pages tirées de son seul imaginaire ».

 SON PREMIER JOB 

 Après avoir travaillé dans une cave viticole et fait les vendanges comme beaucoup d’étudiants, Alain Cadéo apprit à être bûcheron.  Puis il fut déménageur, camionneur, pianiste dans un bar, veilleur de nuit, brocanteur, avant de créer une boutique d’objets rares venant des 4 coins du monde.

Ensuite il devient professeur de lettres dans un collège à Cannes et 15 ans enseignant du BTS en communication à Toulon. Dans sa continuité professionnelle, il donne des conférences sur le thème littérature et philosophie à l’Université du temps libre.  Sans oublier qu’Alain exercera également, un travail d’éducateur au sein de la Chrysalide.

D’un geste vague il évoquera d’autres interventions littéraires à la prison des Baumettes.  Plus récemment, avec son frère, pendant 6 ans ils rendront visites aux malades en soins palliatifs à l’hôpital de La Seyne et de cette riche expérience ils en créeront un livre.

« Lettres en vie » publié aux éditions La Trace raconte cette expérience sous forme de courriers échangés entre patients, infirmiers, médecins, le tout  illustré par des peintures de Michel.

 L’EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE

Pour son frère et lui, le bénévolat, la gratuité, furent sources de leurs véritables découvertes et probablement les seuls facteurs de leurs évolutions.

Vendre un objet de temps en temps c’était pouvoir écrire et peindre, tout en rajoutant carottes et navets avec un bout de lard dans leurs soupes quotidiennes.

 LES PROJETS, ET L’AGENDA D’ALAIN CADÉO

Son seul véritable projet serait d’écrire le livre dit « parfait ».  Celui guidé par une inspiration vivace, sans trucs ni ficelles, comme venu de ces puissants ailleurs que sont : inconscient et subconscient.

C’est ce que poursuivent toute leur vie les compositeurs et les peintres, c’est-à-dire « l’œuvre absolue ». Devenir le canal par lequel passe et se transmet toute l’immense émotion humaine, l’âme de l’œuvre.

 SOUVENIRS INCROYABLES QUI FONT PARTIE D’ALAIN CADÉO 

Il venait d’écrire un roman intitulé « Le mangeur de peur ».

C’était en 1982, le livre venait de paraître publié par Tuong Letrieu, un être délicieux venu du monde de la publicité.

Ce texte, aimé ou détesté, avait reçu le prix de l’office régional de la culture. Quelques jours après sa parution, Alain reçut un appel téléphonique d’un homme à la voix jeune. Cette voix lui dira qu’à la lecture de ce livre sa vie avait été sauvée. Cet inconnu traversant une période très difficile était dépressif, voire suicidaire, et avait voulu mettre fin à ses jours.

Il ne sut jamais quel mot, quelle phrase, quel moment particulier tira cette personne de son désespoir. Toujours est-il, qu’il l’a rencontré bien des années plus tard, et que cet être a bien poursuivi son existence et sut dépasser ce grand moment de ténèbres qu’il a traversé.

Cela nous rappelle simplement à quel point nous sommes chacun responsables de L’Autre.

Alain dira dans un grand soupir « Écrire c’est aussi ça, semer de l’énergie quoi que l’on vive.  En faire un champ de blé, de tournesols ou de jonquilles.  Ou, et c’est trop souvent le cas, étaler sa propre noirceur et rendre aride la terre la plus fertile ».

 SA PLUS BELLE EXPÉRIENCE   

Martine attendait leur dernier enfant. Alain avait son bureau d’écriture sous la chambre de son épouse et écrivait la nuit. Plutôt que de rester 9 mois dans une sorte de maladroite attente, il décida d’écrire un livre. « Le ciel au ventre » qui serait un dialogue entre un père et un fœtus. Rebaptisée Liouma dans ce texte inédit, Martine deviendra la belle endormie.  Ce trio somnambulique, mère, père, enfant, se prêtera au jeu sacré des confidences, comme autant de murmures bercés dans l’océan amniotique de pensées croisées.

 LA POLITIQUE

Alain Cadéo a toujours dit qu’il n’avait que des engagements poétiques… ».

SES PASSIONS

Pour Alain ses passions tout autant que ses loisirs tournent autour de l’écrit et des Mots.

« Je ne peux rien lister car dans chaque mot il y a un Monde aussi vaste qu’un territoire vierge… Et une vie ne suffit pas pour parcourir les vallées, les ravins, les montagnes, les steppes, les déserts, qui constituent le paysage de chaque humain ».

Ses loisirs sont essentiellement la marche, baguenauder, vagabonder. Il traversera les Alpes avec sa fille petite et un âne qu’ils baptisèrent Ferdinand.

Il nous dira que rien n’était plus doux que leurs nuits passées à la belle étoile, leurs têtes sur le ventre de l’âne couché qui ne bronchait pas, qui en ronronnait presque de plaisir.

Il fera aussi le tour du Péloponnèse à pied et d’autres régions d’Europe. Le tout à une époque pas si lointaine où les marcheurs étaient plutôt rares.

SES LIVRES

Sans hésiter il répond Don Quichotte de Cervantes, mais aussi La Bible puis rajoutera qu’il éprouve une tendresse particulière pour les écrivains russes.

On ne referme pas le livre d’une vie sans l’éblouissement procuré par ces étincelles qui jaillissent et reflètent plus qu’une existence  mais des myriades de vie.

SES FILMS  

Il évoquera Blade Runner ou pourquoi pas La Passion du Christ.

Notre écrivain nous dira avec ses mots :

« Lorsque je vois en strates la somme d’œuvres d’art couvrant le Monde j’éprouve une stimulante béatitude ou une sorte d’exaltation me permettant de repousser sans cesse toutes les formes de cruauté et autres incompréhensibles étroitesses d’esprit.

Que de recherches passionnées, que d’ingéniosité, que de courage aussi pour d’une manière ou d’une autre tenter de sublimer la condition humaine !  Et malgré cette joie, cette exquise façon d’aller plus loin toujours, il faut aussi continuer à se trainer l’irréductible poids d’une bêtise lancinante qui semble satisfaite de ne tourner qu’en rond.

Bienheureux soient les artistes de tout poil lançant leurs étincelles sur le lourd marécage de nos pulsions binaires ! Car il s’agit de travailler afin de nous extraire de cette boue originelle pour, c’est vrai, tenter de s’envoler vers une délivrance ayant le goût d’un air plus pur nous rapprochant d’une autre humanité ».

QUALITÉS ET DÉFAUTS

Dans les deux cas c’est l’impatience. Exiger de soi le meilleur et ne pas supporter les états intermédiaires, le bain tiède d’une quelconque autosatisfaction dans lequel on se vautre parfois avec délice et soumission.

DES REGRETS 

La théorie d’Alain est simple : ce que nous n’avons pas vécu, d’autres « nous », sortes de clones vivant dans d’autres dimensions, eux le vivront pour nous.

Alain nous dira que la mort pour lui c’est de voir tous ces reflets comme un vitrail, un kaléidoscope dont chaque parcelle de verre coloré fait partie d’un grand Tout signifiant et révélé par la Lumière qui les traverse.

On poursuivra ce cheminement éclairé par une exposition Des objets et des mots aux sources du Sacré où Alain Cadèo présentera dans l’Espace Jouenne au 41 Rue Montgrand 13006 Marseille du jeudi 29 septembre au samedi 1 octobre 2022 sa collection privée de certains objets qu’il collectionne.

ET LE MOT DE LA FIN

Posément, il nous répond qu’il n’y a pas de mot de la fin car les vrais Mots, le Verbe, non seulement nous précèdent mais poursuivent leur chemin comme un écho étourdissant ou même un murmure, une vibration qui, des origines ne cesse d’avancer, de tendre vers ce qu’un Père Teilhard de Chardin prêtre jésuite français, chercheur, paléontologue, théologien et philosophe nommait la Noosphère, sphère de la pensée humaine.

« Les vrais Mots nous poursuivent. Ils ouvrent d’invisibles sentiers, intemporels et délicieux pour nous qui sommes affamés de ce gâteau en strates innombrables que représente l’infini ».

En cela Alain rejoint humblement les plus grands qui comme lui ont ressenti et exprimé que les mots en savent plus que nous. Et comme disait le célèbre poète René Char : « les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux ».

Ainsi au-travers de ce portrait, Alain Cadeo nous dit son « mot de la Non-Fin ».

alain cadeo

Source : LAUTREMAG.NEWS

Causeries avec… Mireille Calmel – L’Or maudit – XO Editions – 2024

Mars 1313, vallée du Razès. Six ans déjà que les Templiers ont été arrêtés en masse par le roi de France Philippe le Bel. L’Ordre a été dissous sans que personne sache où a été dissimulée l’immense fortune du Temple. Mais des rumeurs circulent. Et si cet or maudit servait, dans l’ombre, à protéger les hérétiques ? Alors, quand l’enquête est confiée au grand inquisiteur de Carcassonne, Margaux de Dente frissonne d’angoisse.

La jeune châtelaine détient un lourd secret. Et la menace avance sur ses terres : une main coupée est retrouvée sur un monticule de pièces d’or ; un loup blanc rôde dans la nuit ; une femme mystérieuse rallume les feux au sommet des anciennes tours cathares.

Tandis que le roi, pour retrouver le trésor, dépêche dans la région le rusé Guillaume de Nogaret, une implacable machination se met en place autour de Margaux. Saura-t-elle protéger les siens et déjouer les pièges qui lui sont tendus ? Ici quiconque sort de la norme est suspecté de commerce avec le diable. On ne le revoit jamais…

Mireille Calmel est l’une des grandes figures du roman historique. Avec quatre millions d’exemplaires vendus en France, elle a conquis un large public. Ses best-sellers sont aujourd’hui traduits dans quinze langues.

La meute – Olivier Bal – XO Éditions – 2024 – ISBN 9782374485980

« L’Ange noir » a encore frappé. Le tueur s’en prend à des notables partout en France. Chaque fois, la victime est enterrée vivante et meurt étouffée.

À la sous-direction de l’antiterrorisme, Sofia Giordano et son partenaire Djibril Diarra, sous la houlette de leur supérieur, le capitaine Patrick Pelletier, cherchent à mettre la main sur ce tueur.

Une signature. Sur le monticule qui recouvre les cadavres, deux ailes d’oiseaux posées sur un tissu noir, placées en vis-à-vis. Une blanche et une noire… Après les premiers examens, il s’est avéré que la blanche provenait d’une colombe, la noire d’une corneille. C’est la symbolique qui a intéressé les agents de l’antiterrorisme. Djibril, en premier lieu, qui est musulman pratiquant. Le tombeau, les anges… Certains versets du Coran ainsi que quelques hadiths font mention des « tourments du tombeau ». Au moment de la mort, Nakîr et Munkar, l’ange du châtiment et celui de la miséricorde, interrogeraient pendant sept jours le défunt sur sa foi et ses actions passées. Si le jugement est favorable, les portes du ciel s’ouvrent à lui. Si ces créatures célestes estiment qu’il s’agit d’un mécréant, les parois de son tombeau se resserreront jusqu’à le broyer. Les différents meurtres mettent en scène tous ces codes : les deux ailes pour les deux anges, la fosse pour le tombeau, l’inhumation alors que la victime est toujours vivante. Tout en y ajoutant un élément clé, le drapeau noir, symbole de l’État islamique.

Depuis le premier crime, la direction du parquet antiterroriste nage en eaux troubles. Une équipe, celle de Sofia, a été mandatée pour enquêter sur l’affaire, sans que, officiellement, on parle encore d’attentat. Les cibles elles-mêmes, pourtant, ont valeur de symbole. À chaque fois, des notables et hommes politiques, certains proches des mouvances d’extrême droite. Toujours dans des régions différentes. Comme si l’assassin voulait répandre la terreur à travers le pays. Le premier, Bernard Dalliot, sénateur du Cantal, pilier du parti France Souveraine, habitant à Aurillac, retrouvé mort le 27 septembre. Le second, François Thévenoux, médecin, habitant à Dieppe, dont la dépouille a été découverte le 16 novembre. Le troisième, Yves Berchtold, dirigeant d’entreprise, dont le corps a été déterré dans le jardin de sa maison de campagne à La Haute-Ferronnière, le 19 janvier. Et aujourd’hui, Daniel Chassagne, député de la 2e circonscription du Var. Quatre hommes partageant souvent les mêmes idées, bien que non officiellement liés. Deux élus ont été assassinés, les pouvoirs publics prennent l’affaire au sérieux. Pour Sofia et ses pairs, le dossier est compliqué. Sans revendication officielle, difficile de pister l’assassin… La DGSI comme la SDAT s’accordent sur un point. Le tueur est à l’évidence un loup solitaire. Un homme qui se serait radicalisé seul, en consultant des vidéos et en interagissant avec certains groupes sur les réseaux sociaux. Encore plus difficile à traquer.

*

Cela fait trois jours que Darya Mansour passe ses journées dans la salle d’attente du commissariat central du 10e arrondissement, où la 2e DPJ est basée. Cela fait trois jours que ça dure. Alors Gabriel, chaque matin, demande à la femme de quitter la salle d’attente. La réponse de la Syrienne est invariable : « Je veux que vous trouviez l’assassin de mon mari. Je reste ici. Je ne bouge pas. »

Gabriel Geller, « Le Grizzli » est chargé de l’enquête sur le décès du sans-papiers. Un de plus. Les mêmes affreuses lacérations que celles observées sur le corps d’un jeune Afghan, qui était étudiant en architecture avant de fuir son pays.

Daria et Hassan Mansour ont dû traverser huit pays et dépenser plus de 10000 euros pour rejoindre la France. Tout ça pour quoi ? Pour se retrouver veuve, seule, dans un pays qui ne veut pas d’elle. La Syrienne ne peut s’empêcher d’en vouloir à son mari. Hassan n’avait pas le droit de mourir, pas le droit de l’abandonner dans ce pays hostile ? Que va-t-elle devenir ?

Geller a bien suivi la piste levée par la veuve de Mansour. Le lieutenant de police s’est rendu à l’adresse de l’association indiquée par Darya. Le responsable est un type au visage de gravure de mode, mâchoire carrée, yeux bleus, cheveux gominés. Chemise cintrée sur ses pectoraux. Au doigt, une bague arborant un faciès de loup. Le jeune homme dégageait quelque chose d’étrange. Trop parfait. Il s’est présenté comme étant Victor Mirval, fondateur et président de Trait d’Union.  Pour le décrire, Darya Mansour avait eu ces mots : « Un prédateur. Il m’a fait si peur. »

En croisant plusieurs bases de données de la police, en passant des coups de fil à ses collègues, Gabriel Geller a appris que cette chevalière est un signe de ralliement pour la Meute, un mouvement d’ultradroite identitaire, basé à Lille. Le policier a eu du mal à lire jusqu’au bout leur manifeste découvert sur un obscur forum nationaliste. Un discours haineux aux relents nauséabonds, où les mêmes mots revenaient sans cesse. « Menace islamiste, grand remplacement, France en péril, soulèvement populaire, vrais Français »… Depuis deux ans, la Meute a mené bon nombre d’actions-chocs à travers la France, systématiquement filmées et partagées sur ses réseaux sociaux. Les images montrent des militants affublés de tee-shirts rouge et noir, munis de banderoles, hurlant dans des mégaphones les mêmes slogans : « La France, on l’aime, on la défend » ou « Les nôtres, avant les autres. » En 2023, le groupuscule est assigné en justice pour « provocation à la discrimination raciale et religieuse », après avoir tenté d’empêcher le projet d’expansion d’une mosquée dans le nord du Roubaix, en enchaînant plusieurs de ses militants autour du chantier. L’affaire a été classée sans suite.

En plus de ces coups de communication, la Meute dissimule une part plus sombre…

*

Deux affaires en apparence distincte. En apparence seulement.

Un thriller implacable sur une machination diabolique. Une plongée glaçante dans le mécanisme du fanatisme.

L’or maudit – Mireille Calmel –Éditions XO – 2024 – ISBN 9782374486567

Mars 1313, vallée du Razès. Six ans déjà que les Templiers ont été arrêtés en masse par le roi de France Philippe le Bel. L’Ordre a été dissous sans que personne sache où a été dissimulée l’immense fortune du Temple. Mais des rumeurs circulent. Et si cet or maudit servait, dans l’ombre, à protéger les hérétiques ?

Philippe Lebel avait compris que seule la crainte de l’Inquisition pouvait délier les langues chez les séculiers. Il s’était donc entendu avec le nouveau pape Clément V afin que Geoffroy d’Ablis, le grand inquisiteur de Carcassonne, ouvre une enquête. Laquelle, selon un accord secret, devait déboucher sur la récupération de cet or par le Royaume de France.

Alors, quand l’enquête est confiée au grand inquisiteur de Carcassonne, Margaux de Dente frissonne d’angoisse dans son petit manoir de la petite baronnie de Sainte-Eugénie.

La jeune châtelaine détient un lourd secret. Et la menace avance sur ses terres .

André, Le frère de Margaux était cet homme que les inquisiteurs recherchaient, celui qui avait convoyé le trésor depuis Chypre jusqu’à la commanderie d’Albedun. Et il en avait subtilisé plusieurs coffres dans lesquels il avait pioché pour reconstruire le château de Margaux à Saint-Ferriol…

*

Vallée du Haut-Razès.

-C’est par ici, monsieur, indiqua le berger en allongeant son pas vers un chemin étroit serpentant à flanc de colline. Un peu plus haut.

Bertrand Leplacier le suivit sans un mot, l’œil rivé aux gravillons de la sente.

-Je ne comprends pas comment elle est arrivée là. C’est la Grisette qui l’a trouvée, continua l’homme, visiblement accablé.

La Grisette. Un patou que tout le monde connaissait dans cette vallée du Haut-Razès prise entre la vieille cité de Rhedae au nord, Quillan à l’ouest, le château d’Albedun à l’est et les gorges de la Pierre-Lys au sud. Une brave bête, toujours à l’affût des moutons et brebis égarés.

-J’ai d’abord pensé que c’était l’œuvre de ce maudit loup blanc mais…

En sa qualité de prévôt, Bertrand Leplacier avait traqué l’animal avec plus d’une centaine d’hommes. Une battue de trois jours qui s’était avérée vaine. La bête s’était amusée avec eux, les défiant comme elle le faisait depuis des semaines debout sur les tertres, surplombant ses victimes égorgées d’un œil d’azur et ne tournant les talons que lorsque, alerté par sa silhouette, le berger survenait. Maudite bête.

En cet instant pourtant, il aurait préféré qu’elle ait été coupable. Une fois de plus.

Ils atteignirent un petit plateau couvert d’aubépines et de châtaigniers. Des traces de sang maculaient le granit affleurant. Ils les longèrent, aussi silencieux l’un que l’autre à présent. Un amas de roches dominait le versant de la colline. Leplacier l’avait gravie souvent, enfant, fasciné par la forteresse mystérieuse et austère d’Albedun qu’il pouvait, de là, admirer presque dans son entier.

Il se faufila entre deux blocs et, comme autrefois, la citadelle de pierres lui apparut au loin, imposante et froide au sommet de son éperon rocheux. Moins d’une lieue à vol d’oiseau l’en séparait. Il s’attarda sur son donjon, sur ses fortifications multiples, sombres dans le lever du jour. S’en détournant, il reporta son attention sur le berger. L’homme s’était arrêté derrière un imposant tumulus de pierres sèches et, tête baissée, torturait son bonnet comme devant la dépouille d’un être cher. Leplacier le rejoignit.

La bête gisait sur le flanc, la panse ouverte, les entrailles déroulées en un fil noirci par les mouches et le sang. Jusqu’au bord du plateau. Leplacier s’y avança. Il savait déjà ce qu’il allait découvrir. Le berger s’était précipité à Rhedae la veille au soir, n’avertissant que lui. Par peur, par superstition.

Va savoir.

Il n’avait pas touché au petit tas de pièces d’or templières qu’entouraient, comme un collier, les derniers pouces de viscères. Leplacier s’accroupit devant.

-J’ai d’abord cru que c’était juste un gantelet, frémit la voix derrière lui.

Leplacier le voyait, refermé autour du pommeau de l’épée qu’on avait, tel un symbole, fichée au sommet du petit tertre étincelant. Une pièce d’armure. De celles dont les chevaliers du Temple se couvraient les mains autrefois lors des batailles en Orient. Et lors de leurs entraînements à Albedun.

Albedun.

Dernier bastion templier du Razès, vide de gens et de cet or venu d’Orient qui, selon la légende, y aurait été dissimulé.

Albedun et ses mystères.

Il resta un instant face à cette composition macabre, aussi perplexe que troublé, puis se décida enfin à arracher l’arme du bloc, à regarder à l’intérieur du gant.

Le berger avait raison.

Une main se trouvait dedans.

*

Dans la nuit, une femme mystérieuse rallume les feux au sommet des anciennes tours cathares.

Tandis que le roi, pour retrouver le trésor, dépêche dans la région le rusé Guillaume de Nogaret, une implacable machination se met en place autour de Margaux. Saura-t-elle protéger les siens et déjouer les pièges qui lui sont tendus ? Ici quiconque sort de la norme est suspecté de commerce avec le diable. On ne le revoit jamais…

Mireille Calmel est l’une des grandes figures du roman historique. Avec quatre millions d’exemplaires vendus en France, elle a conquis un large public. Ses best-sellers sont aujourd’hui traduits dans quinze langues.

Une semaine de vacance – Daniel Charneux – Editions M.E.O. 2024 – présentation par Gérard Adam, éditeur

À l’approche de l’an 2000 et de la quarantaine, Jean-Pierre Jouve part sac au dos pour «une semaine de vacance» sur les chemins de la Creuse. «Vacance» au singulier car, au contraire de ceux qui remplissent leurs congés d’activités nombreuses et distrayantes, lui-même recherchera le vide, c’est-à-dire l’occasion de faire le point sur sa vie : pourquoi Odile l’a-t-elle quitté? Par quelle action d’éclat pourrait-il la reconquérir?

Où un homme décide sciemment de s’ennuyer, de partir sac au dos sur les chemins d’une région “calme” sil en est, la Creuse. À la recherche de la vacuité et par-là même ouvert à la rencontre, il verra sa semaine de vacance se transformer en véritable odyssée… Anne Boulord, Marie-Claire.

Enfin réédité, revu par l’auteur, l’inclassable premier roman de Daniel Charneux (Norma, roman; Nuage et eau; Maman Jeanne; Comme un roman-fleuve; À propos de Pre….)

Un fils de boucher à petites lunettes – Tom Lanoye – Editions M.E.O. 2024 – présentation par Gérard Adam, éditeur

Un fils de boucher à petites lunettes, premier ouvrage publié, date de 1985. Il constitue la première partie de l’œuvre autobiographique que l’auteur a nommée a posteriori « La trilogie du Pays de Waes », et que viendront compléter « La langue de ma mère » et « Les boîtes en carton ». On y rencontre déjà les personnages des romans ultérieurs, le jeune Tom et sa famille, les amis, les voisins, le peuple pittoresque de Saint-Nicolas. Le début conte l’histoire de la famille Lanoye, plusieurs générations d’éleveurs et de bouchers. Un ancêtre apparaît en rêve à la mère enceinte de Tom, la morigénant parce que son fils à naître ne perpétuera pas la tradition familiale, mais deviendra un intello à petites lunettes. On trouve déjà ici le mélange qui fera le ton particulier des œuvres de maturité de l’auteur, une sentimentalité qui ne verse jamais dans le sentimentalisme grâce à l’ironie et au sens aigu du grotesque.

Tom Lanoye (1958)

Romancier, dramaturge, poète, chroniqueur, scénariste, performeur à l’occasion, Lanoye est l’un des auteurs les plus lus et primés aux Pays-Bas et en Flandre. Forte de plus de cinquante titres, son œuvre est traduite dans de nombreuses langues. Son théâtre a été notamment joué au Festival d’Avignon.