
Après « Changer le cours des fleuves » une biographie consacrée à l’industriel carolo Alfred Grosjean, « Banana split » est le second ouvrage de Manuel Verlange que je découvre.
Il y a quelques mois encore, j’ignorais l’existence de Monsieur Verlange, jusqu’à ce week-end d’automne dernier…
Je déambulais, entre deux rendez-vous, au milieu des allées du Salon du Livre de Wallonie parmi les quelques milliers de visiteurs qui venaient faire la chasse aux dédicaces auprès d’auteurs connus et inconnus – de moi apparemment -. Tant bien que mal, j’évitais d’être alpagué par cette marée d’« écriveriens », pour certains, vantant leur ouvrage comme un maraîcher interpellant le client au marché aux poissons.
Les plus sérieux, eux, ont de la retenue. Ils vous observent du même regard que le vôtre. Ils vous jaugent. Ce gars-là, pensent-ils, je ne le vois pas s’extasier sur dix lignes décrivant les coui…coui… tchip…tchip…des petits oiseaux dans les feuillages. Vous, vous sentez leur regard vous suivre.
La suite, vous vous l’imaginerez aisément.
Manuel Verlange. Je ne vais pas une fois encore écrire que l’homme est né au bord de la Loire et qu’il aime le sushi ou qu’il peut vous confier la meilleure recette pour confectionner une tarte aux pommes. Tel n’est pas l’objet de cette chronique. Je découvre à nouveau, qu’au fil des pages de ce récit, l’auteur a construit son ouvrage comme un vieux sage qui a peaufiné son conte au fil des ans. C’est un peu un Brice Depasse dans son genre quand il écrit « La Story »…
Ces deux-là ont une capacité d’écoute et de mémorisation incroyable ! Ils parviennent à ordonner et pimenter leurs récits de petites anecdotes qu’ils ont plaisir d’épicer à leur manière. De cannelle peut-être… Avant tout, ils savent choisir leur sujet.
Nous y voilà. Comme l’écrit si bien Marcel Leroy dans une délicieuse préface, « le rideau des mots tissé par Manuel Verlange s’ouvre sur l’écran de la vie » d’un illustre personnage. Bon, inutile de vous le citer ici, je l’ai déjà mentionné en titre de cette chronique.
Le titre accrocheur pouvait laisser penser à une anthologie sur ce délice que l’on retrouve sur toutes les cartes de desserts du monde. Un banana split étant une recette traditionnelle de dessert glacé de la cuisine des États-Unis, à base de banane coupée en deux en longueur, recouverte de trois boules de crème glacée, nappées de chocolat fondant chaud et de crème chantilly. Pas du tout. Encore moins de cette célèbre chanson des années 80 de la pétillante Lio.
Plus sérieusement, Manuel Verlange a emprunté son titre à la première société de production créée par un certain Jean-Luc Van Damme fin des années quatre-vingts. C’est donc de la passionnante vie de ce producteur bruxellois que notre auteur va nourrir son ouvrage.
Comme dans toute histoire, il y a eu une première rencontre. Et quand les atomes s’accrochent, les confidences se font de plus en plus intimes.
Comme l’écrit l’auteur, « au fil du temps, je me suis étonné de tout ce qui pouvait tenir dans un seul homme. Comment tant de personnages parvenaient-ils à cohabiter à l’intérieur d’un seul corps ? Un authentique défi à l’élasticité. Il y avait matière à exploration. J’ai empoigné un stylo, un bloc de feuilles, et j’ai commencé à prendre des notes. »
Toute saga a ses débuts. La grand-mère de JLVD tient une poissonnerie sur les étagères de laquelle s’alignent aussi quelques bouteilles de vin blanc, des pots de mayonnaise, des cornichons en bocaux. Chez elle, c’est « la maison du bonheur ». Simone héberge des étudiants, une famille d’immigrés italiens… Enfant, Jean-Luc baigne dans cette atmosphère de film choral. Un vestiaire de personnages hauts en couleur, un carrousel de figurants changeants. Bal de culture, de saveurs, de résonnances. Du haut de ses trois pommes, l’enfant est spectateur de ce théâtre. Il n’oubliera jamais les « représentations » de cette vie à la fois simple, bariolée, étincelante.
En 1987, création de sa première société de production, « Banana Split », générant des spots publicitaires, des téléfilms et des long-métrages.
En 1994, avec « Banana Films », il crée une nouvelle société qui se consacrera à la production de long-métrages. La même année apparition de « Banana Radio » qui se consacrera à la production de spots publicitaires pour la radio.
1997 voit la naissance de « Split Polska » à Varsovie. En 2000, il crée « Banana Split Italia », « Banana Split España » et « Banana Split Nederland », sociétés de production dédiées à la production de spots publicitaires pour l’Italie, l’Espagne et les Pays-Bas.
Split… Splatch… Il y aura des changements de situation.
Mais place ici à l’ouvrage de Manuel Verlange. À vous de découvrir ce parcours cabossé sur la piste des rêves, des passions…
Une guirlande de merveilleuses anecdotes.