
Quand Iocasta Huppen prend ses quartiers, tout est mûrement réfléchi.
Dans sa demeure, un p’tit ragoût d’agneau annonce la fin de l’automne…
L’hiver et ses verticalités figées se profilent.
Quand le décor est planté, la danse lente de l’entre-saison commence.
« Il n’y a pas meilleur moment pour philosopher qu’entre deux saisons » susurre l’auteure.

Tout est immobile. Le regard ne cille pas. Le texte et le lecteur se fixent.
Le temps est suspendu…
« Les barbelés recouverts de fleurs blanches – premier gel »

Je devine le regard amusé de l’auteure. Le lecteur de son nouvel ouvrage a le souffle coupé. Admiratif, surpris. Pas spécialement désorienté, mais quelle piste emprunter ?
L’objet – recueil interpelle. Sa mise en page interpelle. Le papier interpelle. Le regard toujours accroché aux « barbelés »… le lecteur se positionne. Il choisit, il joue le jeu, il se lance. Premiers pas… Premiers froids…

Iocasta Huppen revisite les saisons, ses textes sont les bourgeons de sa pensée.
« Nous avons tout le temps, dit-il – dit-elle – la neige fond doucement ».
La danse continue…
« Confettis sous la pluie peu importe, la joie est là ».
Premières fleurs, première grêle, je tourne lentement les feuillets, les mots changent de couleur, les pétales s’entrouvrent. L’écriture se fait tendre. Le calice brille de mille rayons. Les hirondelles sont de retour.
L’auteure distille sans relâche…
L’émotion de l’écriture a le goût du miel sur la tartine du matin. Le temps suspend son temps, les au revoir s’éternisent sur le pied de la porte. Chaque page est vacances.
Tableaux d’été, croquis d’automne, le recueil de Iocasta Huppen fleure bon cette sérénité de la concision.